respect du prochain

Publié le par jean

L'ensemble de la praxis trouve son symbole dans le jeûne, à condition d'entendre celui-ci, comme le font les Pères, à la fois de l'âme et du corps. Dans l'épreuve imposée par Dieu à la liberté et à la confiance d'Adam, l'Eglise ancienne voyait le commandement du jeûne: il eût fallu que l'homme, au lieu de se jeter sur le monde comme une proie, apprît à le contempler comme un don de Dieu et une échelle vers lui. Dans cette perspective, nous retrouvons le péché comme captation et égocentrisme, volonté d'utiliser et de consommer le monde au lieu de le transfigurer. Le Christ, en contraste, a jeûné quarante jours au désert, pour montrer au tentateur que "l'homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sorte de la bouche de Dieu.

Le jeûne signifie donc un changement radical dans notre relation avec Dieu et avec le monde. Dieu -et non l'ego- devient le centre et le monde sa création, un dialogue des hommes entre eux et avec le Créateur. Le jeûne empêche l'homme de s'identifier au monde dans la seule perspective de la possession pour assurer le monde dans une lumière venue d'ailleurs. Tout être, toute chose, devient alors objet de contemplation. Le jeûne introduit entre l'homme et le monde la distance du respect et de l'émerveillement, il permet à l'homme d'avoir faim aussi de Dieu et d'accueillir, de répercuter la faim, le "soupir" de la création.

C'est pourquoi, pour les Pères, le jeûne de nourriture est inséparable de la prière et de l'aumône: de la relation aimante rétablie avec Dieu et du partage spontané, inventif avec le prochain, car tel est bien le sens de l'aumône aux premiers siècles...

Le jeûne risque de rendre méchant, ou de donner bonne conscience pharisaïque. D'où l'appel constant au respect du prochain, à la lutte contre la médisance, et aussi au partage avec le pauvre et aux œuvres de la justice.

Diadoque de Photicée    

 

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