CAREME

Publié le par jean

 

En ce jour du Mercredi des Cendres, notre regard se porte en avant. La liturgie de l’Église nous invite encore à nous tourner vers l’intérieur de nous-mêmes : « Ton père qui voit dans le secret te le rendra ». Ce mouvement vers l’intériorité fait partie de notre passage au désert. Il nous permet d’aller au fond de nous-mêmes, de faire le point, de vivre un abandon à Dieu renouvelé. Oui, c’est dans nos déserts que Dieu se fait pédagogue et maître de vie. comme pour Israël, c’est là que Dieu nous attend cette année pendant notre Carême. "Se convertir au Christ, croire à l'Évangile, écrit le pape Benoît XVI dans son Message du Carême pour 2010, implique d'abandonner vraiment l'illusion d'être autosuffisant, de découvrir et accepter sa propre indigence..."

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   Si le Carême de cette année nous appelle, une fois de plus, à ce royaume de la Vérité qui occupait la pensée de Jésus durant sa retraite au désert, on voit, tout de suite, que les prescriptions alimentaires sont chose secondaire. Il s'agit en réalité, d'une conversion d'une transformation radicale de nous‑mêmes dans la lumière de cette " flamme d'a­mour " qui est la Vérité même, telle qu'elle vit au coeur de l'éternelle Trinité.

     Nous n'avons donc pas à faire la grimace d'une pé­nitence ostentatoire, en feignant une mortification extéri­eure que l'Eglise renonce à nous demander. Ce qui nous est proposé, c'est littéralemente de changer de coeur, en renon­çant, sans biaiser, à tout ce que notre amour‑propre entrai­ne d'opacité et d'obscurité, de limites et de partialités, d'étalage de nous‑même et de mépris d'autrui.

     La nuit de l'agonie du Seigneur, comme le combat qu'il soutint au désert, était un corps‑à‑corps avec cette mort qui a le visage du péché, qui a ses racines dans tous les refus d'amour que l'humanité n'a jamais cessé d'opposer à la tendresse divine, qui n'a jamais cessé de luire dans nos ténèbres.

     Le Carême nous invite à méditer sur cette douleur que le Christ a assumée, pour nous en s'identifiant avec nous et à en tarir la source, er nous ouvrant à sa Lumière, en nous laissant envahir par son Amour.

     C'est pourquoi notre premier souci doit être de fai­re du silence en nous, de nous recueillir chaque jour, pour entendre son appel et apprendre à vivre sa vie comme la nôtre. Car le Règne de Dieu, c'est justement comme le suggère un grand poète, de le laisser vivre dans la vie qu'il répand.

     Si nous pouvions ainsi, chaque jour un peu mieux, nous effacer en lui et le laisser transparaitre en nous, ce Carême serait le plus beau des miracles. Selon la mesure de notre amour, le Christ cesserait d'être en nous le Seigneur crucifié, pour y devenir le Seigneur ressuscité.

     Pâques ne serait plus alors le simple rappel d'un évènement passé, mais la plus actuelle réalité de notre vie.

     C'est ainsi que Pascal comprenait la vocation du chrétien, lorsqu'il écrivait ces mots qui expriment magnifi­quement le sens de notre Carême :

     Jésus sera en agonie jusqu'à la fin du monde ;  il ne faut pas dormir pendant ce temps‑là." 

 MZ

 

Publié dans Maurice Zundel

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